En moins de cinq ans nous avons vécu quatre crises majeures. Une crise sociale jaune vif, une crise sanitaire mondiale, une crise géopolitique qui a ramené la guerre en Europe et enfin une crise économique déclenchée par une vague inflationniste comme nous n’en avions plus connu depuis le dernier choc pétrolier. Ces crises successives sont génératrices de grandes inquiétudes face aux incertitudes qu’elles engendrent. Pourtant elles ne sont pas essentielles au regard de la crise existentielle profonde qui secoue notre civilisation. Une crise qui solde une période démarrée en 1770 avec la première révolution industrielle. La fin d’un mouvement progressiste alimenté par deux moteurs : produire et consommer toujours plus. Un processus cumulatif qui nous a fait exploiter à l’excès toutes les ressources naturelles de la planète et qui nous confronte à une perspective alarmante, celle de la pérennité du genre humain sur la terre. Particulièrement conscientes de cette échéance, les jeunes générations commencent à intégrer dans leur mode de vie une double dimension paradoxale : un « No future » couplé à la volonté de sauver ce qui peut encore l’être. Un sentiment qui se traduit par une conduite de vie conciliant plaisir du jour présent et souci du lendemain. Une façon de revisiter le carpe diem d’Horace. C’est cette double perspective du plaisir et du sens qui conditionne durablement leur rapport à l’entreprise. C’est à cette double exigence que les entreprises doivent répondre. L’entreprise du futur doit faire du plaisir immédiat un modèle de management et du sens sur le temps long le cœur de son business modèle.