Longtemps le travail a été un marqueur de réussite sociale et un moyen d’émancipation, au point de devenir central dans l’organisation d’une vie. Il pouvait être dur, rebutant, omniprésent à condition qu’il permette de s’élever socialement et de mieux vivre matériellement. Ce temps-là est révolu. Le travail reste essentiel mais il n’est plus notre centre de gravité. Nous ne sommes pas devenus plus fainéants, nous sommes devenus plus exigeants sur la place à lui donner. Il doit aujourd’hui contribuer à notre épanouissement. Ne plus travailler comme avant mais travailler autrement : pour soi, par plaisir avec parcimonie. Ce que nous recherchons finalement c’est un travail plus utile, plus passionnant, plus générateur d’équilibre. Ce n’est malheureusement pas ce que propose la majorité des entreprises. D’abord parce qu’en digitalisant à outrance le travail et en l’ubérisant à volonté, elles en font, au sens psychanalytique du terme, un mauvais objet aux yeux des salariés. Un objet qui cristallise les frustrations et les colères. Ensuite, en investissant massivement sur la Qualité de Vie au Travail elles se trompent en partie de sujet. Cela améliore ce que nous faisons pendant notre temps de travail mais cela ne change pas substantiellement le contenu de notre travail. C’est pourtant ce sujet que doivent préempter les entreprises avant-gardistes. Une charge de travail plus supportable qui génère moins de charge mentale. Un travail plus attractif parce que moins rébarbatif. Un travail qui n’est pas organisé uniquement pour réaliser des gains de productivité mais aussi des gains de félicité. Un travail enfin qui n’est pas uniquement pensé pour satisfaire les clients mais aussi pour passionner les salariés.