Apparu à la fin des années 1960, le concept de démocratie participative est aujourd’hui une aspiration forte des citoyens. Elle se nourrit d’une remise en cause du fait majoritaire, de l’omniscience des experts et de l’omnipotence des politiques. La démocratie électorale qui consiste à déléguer son pouvoir à travers un vote ne suffit plus aux citoyens. Ils veulent davantage peser sur les décisions qui les concernent. Un impératif pour créer de la cohésion dans une société de plus en plus hétérogène et plurielle. Pourtant, les entreprises dans lesquelles travaillent presque 28 millions d’actifs (chiffre Insee 2021) restent encore majoritairement des organisations verticales et contrôlantes. Les mouvements de déconcentration du pouvoir sont toujours accompagnés d’une multitude de « reporting ». La liberté d’action et de décision ne l’est que dans le cadre d’objectifs contrôlés. Le débat y est souvent très cadré. Un système aujourd’hui dissonant face à l’attente sociale d’un plus grand partage du pouvoir et d’une meilleure répartition des prérogatives. Au sein des entreprises, la « vox populi » ne se fait entendre qu’à travers des corps intermédiaires, syndicaux ou managériaux, qui jouent une partition convenue. Les seules consultations directes prennent la forme de référendum pour débloquer des situations extrêmes. Une arme à double tranchant, plusieurs fois utilisée chez Air France par exemple, de Christian Blanc à Jean-Marc Janaillac. Une manière très Gaullienne de faire approuver une stratégie et l’homme providentiel qui l’incarne. Relations plus horizontales, expression directe, partage plus démocratique du pouvoir sont des revendications sociales fortes. Les entreprises doivent réfléchir à la manière de les inclure progressivement dans leur modèle de gouvernance, au risque dans quelques années d'apparaître comme définitivement autocratique.